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09/08/2011

Qu'est-ce que le don artistique?

Qu’est-ce que le don artistique ?

(Critique des conceptions de Freud),

essai de Michel Valtin, extraits d’un livre à paraître.

 

Présentation (Maurice Hénaud)

 

Parmi les psychanalystes, l’un de ceux qui reconnaissent le mieux que Freud a pu, dans une certaine mesure, se tromper au sujet de Léonard de Vinci, de l’art, et peut-être même au sujet de la création littéraire et artistique, nous semble être (à Michel Valtin et à moi-même) Jean-Bertrand Pontalis. Dans sa préface (L’Attrait des Oiseaux), celui-ci écrit à propos du souvenir d’enfance de Léonard :

« Quelle joie ce dut être pour Freud de mettre la main sur ce souvenir, joie qui alla, j’y reviendrai tout à l’heure, jusqu’à lui brouiller la vue ! »

Plus loin, en analysant le travail de Schapiro sur Léonard et Freud, Pontalis s’interroge ainsi au sujet du livre de ce dernier :

« On en vient à se demander si ce qui fut d’abord salué comme « un tour de force » n’était pas un exercice d’illusionniste victime de sa propre illusion. » (…)

Pourrait-il paraître prétentieux de contester les conceptions de Freud relatives au don artistique ?

Prétentieux, comment pourrions-nous l’être, puisque, dans Sigmund Freud présenté par lui-même, le fondateur de la psychanalyse déclare :

« l’analyse ne peut rien dire qui éclaire le problème du don artistique » ? 

Si Freud n’a rien dit d’éclairant sur cette question, pourrait-il être prétentieux d’en dire quelque chose ? Ou bien le don artistique serait-il « si mystérieux », qu’il serait de toute façon présomptueux de vouloir en dire quelque chose d’éclairant ?

(Pages 2-3)

 

Maurice HÉNAUD

 

Première partie :

 

Le don artistique, don inné, ou fruit d’un développement ?

____

 

1 - Don artistique et don pour l’analyse de l’âme

 

(…)

Admettons que Freud ait en partie raison d’affirmer, dans la conclusion d’Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci : 

« Le partage, dans ce qui détermine notre vie, entre les “nécessités” de notre constitution et les “hasards” de notre enfance peut bien être encore incertain dans le détail ; mais dans l’ensemble, il ne subsiste aucun doute quant à l’importance de nos premières années d’enfance. »

Il n’en reste pas moins que le développement intellectuel et créateur de Léonard ne saurait se réduire à des inhibitions et des conflits qui tireraient leur origine de la petite enfance.

(…)

(page 6)

 

 

2 - Nécessité de l’esthétique et d’une psychologie de la création artistique

 

(…)

Mais comment peut-on savoir si le don artistique et la capacité de réalisation sont en rapport intime avec la sublimation, si l’on ne sait même pas ce qu’est « le don artistique », et si les expressions « capacité de réalisation » et « sublimation » renvoient à des phénomènes et à des processus qui ne sont pas assez clairement définis ? Et en quoi « l’aptitude à la sublimation », supposée par Freud, se distingue-t-elle du don artistique ou de l’aptitude à la création artistique ?

Si l’essence de la réalisation artistique est, comme Freud le reconnaît, inaccessible par la psychanalyse, n’existerait-il pas, pour cette dernière, une frontière de ce côté, de même qu’il en existe une (que Freud reconnaît) du côté de l’investigation biologique ? L’étude de la réalisation esthétique, et même du don artistique, ne relèverait-elle pas, en partie du moins, de l’esthétique et de la psychologie de l’invention et de la création ?

(pages 7-8)

 

3 - Le développement du don artistique, variable selon les créateurs considérés

 

Existe-t-il un don artistique dans l’absolu ? Ce que Freud appelle « le don artistique » n’est-il pas plutôt relatif à tel ou tel créateur, à tel ou tel artiste, à tel ou tel poète ? S’agit-il d’un don unique et spécifique, comme Freud le prétend ? « De l’obscure période de l’enfance, écrit-il, Léonard surgit devant nous artiste, peintre et sculpteur, en vertu d’un don spécifique (…). » (Un souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci, chapitre VI). Le don artistique ne serait-il pas plutôt la résultante d’un certain nombre de facultés ?

Par « don artistique », faut-il désigner la facilité avec laquelle l’artiste travaille, même si le résultat n’est pas extraordinaire ? Ou bien, au contraire, la capacité à créer des chefs d’œuvre, même si c’est au prix d’un labeur long et difficile ?

(…)

Pourquoi Hugo et non un autre ? Baudelaire l’expli­que par un don inné :

« Victor Hugo, écrit-il, était, dès le principe, l’homme le plus doué, le plus visiblement élu pour exprimer par la poésie ce que j’appellerai le mystère de la vie. » etc.

Alors, pourquoi le génie de Hugo a-t-il mis si longtemps à se manifester ?

La réponse est analogue à celle que j’ai donnée dans le cas de Freud : le génie de Hugo est le résultat d’une série d’expériences vécues et de découvertes intellectuelles. Il lui a fallu, en particulier, lire et relire, parmi beaucoup d’autres auteurs, Chateau­briand, Chénier, Lamartine, Walter Scott, Shakespeare, les poètes orientaux (voir les Notes des Orientales, publiées en 1829), etc. L’auteur des Odes était encore englué dans le classicisme finissant. C’est avec les Ballades et Les Orientales, à partir de 1825, mais surtout à partir de 1827 et 1828, que Victor Hugo conquiert son génie de poète.

(page 10)

 

4 - L’importance essentielle de l’environnement dans le développement des facultés de l’individu

 

Bien que le don artistique apparaisse comme le fruit d’un développement, ne comporterait-il pas, tout de même, quelque chose d’inné ?

« Mais avant toute chose, écrit Baudelaire dans ses Notes nouvelles sur Edgar Poe, je dois dire que la part étant faite au poëte naturel, à l’innéité, Poe en faisait une à la science, au travail et à l’analyse, qui paraîtra exorbitante aux orgueilleux non érudits. »

Mais qu’est-ce que ce poète naturel ? N’a-t-il donc, auparavant, jamais lu les poètes, la nature lui a-t-elle accordé le don d’écrire en vers avant même qu’il n’ait su ce qu’est un mot, une phrase, une syllabe, un rythme et une rime ? Par conséquent, le poète dit naturel n’est pas absolument inné, il est déjà le fruit du développement de certaines facultés, développement qui s’est produit grâce à des apports extérieurs, et en interaction avec ces apports extérieurs.

Goethe lui-même reconnaît l’importance essentielle de l’environnement dans le développement des facultés de l’individu, si originales qu’elles soient :

« On parle toujours d’originalité, remarque-t-il, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Dès notre naissance l’univers commence à influer sur nous et cela continue jusqu’à la fin. Et d’ailleurs, que pouvons-nous appeler « nôtre », si ce n’est l’énergie, la force, la volonté ? Si je pouvais dire tout ce que je dois à mes prédécesseurs, il ne me resterait pas grand-chose. » (Eckermann, Conversations avec Goethe, Jeudi 12 mai 1825).

Que serait-il resté à Goethe, s’il avait grandi dans un environnement tout autre ? Il lui serait resté des virtualités qui ne se seraient jamais exprimées, ou qui auraient abouti à des résultat différents.

(pages 11-12)

 

5 - Désir, expérience et sources d’inspiration

 

(…)

Le comportement politique de Victor Hugo serait-il réductible à la petite enfance ? N’y a-t-il pas toute une expérience humaine et toute une évolution intellectuelle, entre la révolte, réelle ou supposée, de l’enfant contre le père, et la critique ou la satire de l’Empereur et des Rois ? Pourquoi sa production littéraire serait-elle entièrement déterminée par sa petite enfance ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi en irait-il tout à fait autrement pour la production artistique et scientifique de Léonard de Vinci ?

Il convient de remarquer que les sources d’inspiration sont relatives à chaque poète. Pourquoi est-ce principalement l’amour, la Nature, Dieu, l’Humanité chez Lamartine ? Pourquoi les sources d’inspiration sont-elles étroites chez Mallarmé, beaucoup plus vastes dans le cas de Hugo, encore plus vastes dans le cas de Shakespeare ? Faut-il l’expliquer par un don spécifique à chaque fois différent ? Ou ne conviendrait-il pas, plutôt, de chercher à expliquer la formation de l’esprit créateur, dans chaque cas considéré, par une histoire psychologique particulière ?

(pages 13-14)

 

6 - (Ce chapitre ne fait pas partie des extraits donnés ici)

 

7 - La genèse des dons poétiques : le cas de Goethe

 

(…)

 

*

 

L’étude du développement de Goethe enfant semble montrer, d’abord, qu’il n’a pas développé un don spécifique (comme, selon Freud, l’aurait fait Léonard de Vinci), dans lequel on pourrait reconnaître le don poétique, mais des dons multiples, relatifs en particulier à la vision du monde, à la conception et au langage.

Ensuite, cette étude semble montrer l’importance de l’intérêt que Goethe a porté au spectacle du monde et de l’ensemble de la vie. Ne serait-il pas très exagéré de dire qu’il s’est détourné de la réalité pour s’intéresser à ses rêveries ?

Le cas de Goethe ne devrait-il pas nous amener à douter que l’artiste est quelqu’un qui se détourne de la réalité, et qui, grâce à l’art, échappe à la névrose ? La question sera examinée de manière plus précise dans le premier chapitre de notre seconde partie.

D’autre part, ne faudrait-il pas distinguer deux sortes de rêveries, l’une qui se rapporte à la réalité et à l’expérience, dans laquelle l’intelligence tient une part importante, et l’autre qui, purement sentimentale, tient peu compte de la réalité ?

Enfin, il semble que les dons artistiques, de même que les autres dons constatés chez l’adolescent ou l’adulte, ne puissent pas s’expliquer uniquement par la prédisposition génétique et l’importance de nos premières années d’enfance, et qu’ils se laissent mieux comprendre si l’on tient compte de l’exercice, du plaisir pris à l’exercice, et du renforcement qu’ils entraînent.

(pages 18-19)

 

*

Seconde partie :

 

Création artistique et vie de rêverie

 

 

1. L’artiste est-il fondamentalement quelqu’un qui, comme le névrosé, s’est détourné de la réalité ?

 

(…)

Freud affirme que « l’artiste n’est certes pas le seul à mener une vie de rêverie » et que, « comme tout autre insatisfait, il se détourne de la réalité effective et transfère tout son intérêt, sa libido, elle aussi, sur les formations de souhait de sa vie de rêverie, à partir desquelles la voie pourrait conduire à la névrose ». 

Dans ces conditions, la vie de rêverie n’est pas ce qui caractérise essentiellement l’artiste.

(…)

(Page 20)

 

(…)

Ce que Freud appelle la rêverie n’est, pour l’artiste véritable, qu’un aspect du monde. « Je suis un homme pour qui le monde extérieur existe », affirme Théophile Gautier. Et Pouchkine, Goethe et d’autres grands poètes l’ont dit : « La première étude à laquelle l’homme qui veut être poète doit s’attacher est de rendre le monde extérieur. »

La vie de rêverie est-elle le seul domaine du poète ? Ne doit-il pas, par l’expérience et l’étude, s’efforcer de voir et de rendre le vaste spectacle du monde ? « Aussi longtemps, dit Goethe, que le poète « n’exprime que ses quelques sentiments personnels, on ne peut dire qu’il soit poète ; il l’est quand il sait faire sien le monde et qu’il sait l’exprimer. » etc. (Eckermann, Conversations avec Goethe, 29 janvier 1826).

(…)

 

*

 

Dans Malaise dans la Civilisation, après avoir cité un quatrain de Goethe, Freud note :

« Et il est bien permis de pousser un soupir quand on s’aperçoit qu’il est ainsi donné à certains hommes de faire surgir, véritablement, sans aucune peine, les connaissances les plus profondes du tourbillon de leurs propres sentiments, alors que nous autres, pour y parvenir, devons nous frayer la voie en tâtonnant sans relâche au milieu de la plus cruelle incertitude. »

Faut-il tenir pour si peu de chose, l’expérience, les études et l’esprit de Goethe, et estimer que ses productions poétiques ont simplement surgi du « tourbillon de ses propres sentiments » ?

(Pages 22-23)

(…)

 

 

 

2. Le désir de l’artiste en tant qu’artiste.

 

(…)

 

Conclusion de la deuxième partie

 

(…)

Extraits de

 

LA PETITE REVUE DE L’INDISCIPLINE

Numéro 173. Avril 2009.

Voir le sommaire et les informations pratiques dans l’ « A propos » (en haut à gauche sur ce blog).

 

Freud, le créateur littéraire et la rêverie

QU’EST-CE QUE LE DON ARTISTIQUE ?

 

(critique des conceptions de Freud), II

 

Troisième partie

 

Freud, le Créateur littéraire et la Rêverie

____

 

1 - Rêve diurne et création littéraire.

 

(…)

Mais l’évolution postérieure de l’écrivain ne se limite pas à progresser dans la maîtrise de la forme artistique, elle concerne aussi sa conception du monde : Goethe s’aperçoit que lui et ses camarades se perdaient trop volontiers dans leurs rêves. « Alors, écrit-il plus loin, nous reconnûmes une fois de plus qu’au lieu de s’abandonner à la mollesse et aux plaisirs de l’imagination, on aurait lieu, plutôt, de s’endurcir pour supporter les maux inévitables ou pour réagir contre eux. » (Poésie et Vérité, première partie, livre II).

Il semble que ces éléments nouveaux qui interviennent dans l’évolution de l’écrivain ne soient pas des éléments de rêve diurne.

(…)

(Page 4)

 

2 - Le cœur et l’imagination.

 

(…)

 

3 - Analyse des émotions que provoquent

les œuvres littéraires

 

(…)

 

4 - L’application à l’art de schémas

tirés de la psychanalyse

 

(…)

 

5 - La jouissance propre de l’œuvre littéraire

relève de l’esthétique.

 

(…)

 

6 - Psychologie de certains lecteurs

 

(…)

 

7 - L’œuvre d’art, ou l’enfance retrouvée ?

 

(…)

 

8 - Développement de l’intelligence artistique et « épanouissement de l’être ».

 

« De l’obscure période de l’enfance, écrit Freud dans le dernier chapitre d’Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci, Léonard surgit devant nous artiste, peintre et sculpteur, en vertu d’un don spécifique, qui pourrait bien avoir été renforcé par l’éveil précoce, dans les premières années d’enfance, de la pulsion de regarder. », etc. Léonard aurait-il sublimé sa pulsion voyeuriste dans le dessin ? Mais que sublime le musicien, lorsqu’il s’intéresse au chant des oiseaux ?

Si Léonard paraît, à Freud, surgir devant lui, dès l’adolescence, artiste, peintre et sculpteur, n’est-ce pas le résultat de tout un développement intellectuel, auquel Freud n’a pas assisté ?

Freud semble ne pas tenir compte de ce dévelop­pement intellectuel, lorsque, dans son dernier chapitre, il écrit à propos de Léonard :

« L’épanouissement de son être à la puberté, qui en fit un artiste (…) »

Les artistes naissent-ils comme les fleurs au printemps ? Et ne conviendrait-il pas de distinguer des réalisations artistiques déterminées, d’une part, et, d’autre part, un hypothétique « épanouissement de l’être » ? Les Poèmes saturniens, de Verlaine, renferment des réussites poétiques incontestables. Quant à l’épanouissement de l’être, c’est autre chose, et l’on pourrait se demander, au contraire, si l’être du jeune auteur ne manifeste pas des symptômes de ruine (voir en particulier Les Sages d’autrefois…, L’Angoisse, Grotesques, Jésuitisme, et le second Nevermore).

Sans doute, dans le cas de Verlaine, cette ruine de l’être joue-t-elle un rôle dans le développement des facultés poétiques, elle devient une source d’inspiration pour l’esprit. Mais faut-il confondre complètement le développement de l’intelligence artistique  avec « l’épanouissement de l’être » ?

(Pages 19-20)

 

9 - Les facultés d’observation se réduisent-elles à la rêverie ?

 

(…)

Quelle place Freud laisse-t-il aux facultés d’observation ? Il s’efforce de les réduire à la rêverie : « Le roman psychologique doit sans doute dans l’ensemble sa particularité à la tendance du créateur littéraire moderne à scinder son moi en moi partiels, par l’effet de l’observation de soi ; et par voie de conséquence, à personnifier les courants conflictuels de sa vie psychique en plusieurs héros. » Mais, dans la vie courante, le romancier n’a-t-il pas pu remarquer aussi, qu’il était entouré de personnes différentes, qui s’opposaient les unes aux autres de manière conflictuelle, et qui, à l’intérieur d’elles-mêmes, héber-geaient des conflits ? Et n’a-t-il pas cherché à dépeindre le monde, plutôt qu’à découper son Moi comme un gâteau, pour en présenter les diverses parties aux lecteurs ?

(…)

(Page 22)

 

10 - « L’universellement humain » et l’esthétique. « Motions pulsionnelles » et sources d’inspiration.

 

(…)

Il convient de remarquer, par exemple, que les passions que Shakespeare dépeint dans son œuvre sont des passions bien particulières : la jalousie folle d’Othello, la passion de l’autorité qui aveugle le Roi Lear, la fierté amoureuse de Posthumus, la misanthropie de Timon, etc. Ce qu’il y a d’universellement humain dans Shakespeare, serait-ce la passion elle-même ? Et, encore une fois, Margot aurait-elle raison d’égaler dans son cœur Roméo et Juliette et le plus mauvais mélodrame, parce que leur matière est l’amour ?

« Je suis homme, et je pense que rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » C’est-à-dire non pas que la passion de Werther doit être aussi la mienne, et que je dois me brûler la cervelle, mais que cette passion peut dire quelque chose à mon esprit, et que je peux essayer de la comprendre, même si, à moi personnellement, Werther me paraît tout de même un peu fou.

Shakespeare n’aurait-il pas, au contraire de ce que semblerait penser Freud, atteint l’universalité par le regard qu’il a porté sur la passion, par la représentation qu’il en a donnée, par l’esprit qui anime ses compositions ? Ce serait donc à cause de ses qualités littéraires, c’est-à-dire esthétiques, que, génération après génération, les vrais amateurs de littérature liraient et reliraient Shakespeare ?

(…)

(Pages 26-27)

 

11 - Shakespeare, créateur par l’Imagination

 

(…)

 

12 - Conclusion de la troisième partie

 

(…)

 

_______

 

Conclusions générales

 

1 - L’apport de la psychanalyse à l’étude de la création artistique. Dans quelle mesure les hypothèses de Freud conviennent-elles ?

 

(…)

A la fin du chapitre IV de Sigmund Freud présenté par lui-même, le fondateur de la psychanalyse écrit :

« Si le rêve est bâti comme un symptôme, si son explication nécessite les mêmes hypothèses, à savoir le refoulement de motions pulsionnelles, les formations de substitutions et de compromis, et les différents systèmes psychiques qui abritent le conscient et l’inconscient, alors la psychanalyse n’est plus une science auxiliaire de la psychopathologie, alors elle est bien plutôt l’instauration d’une psychologie nouvelle et plus approfondie, qui devient également indispensable pour la compréhension du normal. On est autorisé à étendre ses présupposés et ses résultats à d’autres domaines de l’activité psychique et intellectuelle ; la route du lointain, de l’intérêt universel, lui est ouverte. »

Seulement, il nous est tout de même possible d’examiner (et nous avons commencé à le faire) si, dans le domaine de la création artistique, et sur certains points, les hypothèses de Freud, trop étroites, ne l’ont pas conduit dans des impasses.

(Pages 32-33)

 

2 - UnSouvenir d’Enfance de Léonard de Vinci : Freud partiellement contesté par certains psychanalystes.

 

(…)

 

Michel VALTIN

Extraits de

 

LA PETITE REVUE DE L’INDISCIPLINE

Numéro 177. Novembre 2009.

Voir le sommaire et les informations pratiques dans l’ « A propos » (en haut à gauche sur ce blog).

 

______

 

Freud et la conquête de la biographie

Freud et la Conquête de la Biographie.

(Michel Valtin)

(extraits)

 

INTRODUCTION

 

(…)

Dans notre premier chapitre, Goethe et Léonard : l’analyse trop rapide de Freud, nous apportons quelques nuances à l’opposition dans laquelle Freud place ces deux créateurs. Dans le chapitre suivant, Quelle conception pour la biographie ?, nous montrons que Freud est surtout un pathographe, qu’il ne considère la biographie que du point de vue affectif, et néglige complètement la question de l’intelligence.

(…)

(Page 3)

 

GOETHE ET LÉONARD :

L’ANALYSE TROP RAPIDE DE FREUD

 

(…)

Quoi qu’il en soit, Pontalis remarque fort justement, je crois :

« S’il fallait parler d’inachèvement chez Léonard, il serait beaucoup plus sensible dans le domaine dit scientifique que dans celui de ses œuvres picturales ».

En effet, de tous les traités que Léonard avait ébauchés, ou dont il avait fait le projet, aucun n’a été terminé.

Comme Goethe, Léonard tend à entreprendre trop de choses :

« Revenu dans la ville à mes occupations, écrit par exemple le poète, j’en sentis le poids plus qu’auparavant, car l’homme né pour l’activité entreprend trop de projets et se surcharge de travaux : ce qui réussit d’ailleurs parfaitement jusqu’à ce qu’un obstacle moral ou physique survienne, pour rendre manifeste la disproportion des forces aux entreprises. » (Poésie et vérité, Troisième partie, livre XI).

Goethe est très conscient qu’il faut renoncer à l’impossible, et qu’il convient de se fixer des limites : « Une activité sans bornes, écrit-il par exemple dans ses Maximes et Réflexions, de quelque nature qu’elle soit, finit par faire banqueroute. »

A sa tendance à entreprendre trop de projets et à se surcharger de travaux, Goethe apporte un correctif : le renoncement partiel. Peut-être Léonard n’a-t-il pas suffisamment compris la nécessité de tenir compte, pour ses activités, d’un semblable correctif. Pourtant, il note dans ses Carnets : « Ne point désirer l’impossible. »

(…)

(Pages 5-6)

 

(…)

Bien entendu Léonard n’était pas Goethe. Mais, s’il est vrai qu’il a finalement préféré la science, n’a-t-il pas eu quelque raison de le faire, à une époque où, par exemple, l’Eglise « enseignait le caractère sacré du corps humain et châtiait comme sacrilège l’emploi du scalpel de l’anatomiste », où il convenait de libérer l’esprit des entraves de la religion, et de repousser plus loin les limites de la connaissance que l’homme avait de lui-même et du monde qui l’entoure ?

Selon Freud, la seconde sublimation de Léonard, d’ordre scientifique, aurait remplacé la première, d’ordre artistique, par « substitution régressive ». C’est un point de vue. Mais n’est-il pas trop radical, excessif et trop partiel ?

Dans le chapitre suivant, nous examinons la conception que Freud, dans son Allocution à Francfort dans la maison de Goethe, se fait de la biographie. Nous entreprenons de faire voir quels éléments importants il semble négliger.

(Page 7)

 

QUELLE CONCEPTION POUR LA BIOGRAPHIE ?

 

Dans son Allocution à Francfort dans la maison de Goethe (1930), Freud croit pouvoir relever une certaine impuissance des biographes :

« Nous tous qui vénérons Goethe, nous tolérons cependant sans trop nous rebeller les efforts des biographes qui prétendent reconstituer sa vie à partir des notes et récits existants. Mais que sont censées nous apporter ces biographies ? Même la meilleure et la plus complète ne pourrait répondre aux deux questions qui, seules, paraissent dignes d’intérêt.

« Elle n’éluciderait pas l’énigme du don merveilleux qui fait l’artiste, et elle ne pourrait pas nous aider à mieux appréhender la valeur de ses œuvres et l’action qu’elles exercent. »

Freud ne mentionne même pas l’autobiographie de Goethe, Poésie et Vérité. Ne constituerait-elle pas la meilleure biographie qui soit ? Et, justement, comme nous avons commencé à le montrer, elle fournit des renseignements très importants et très nombreux sur la genèse de ce que Freud appelle le « don artistique ». (Voir nos numéros 173 et 177). N’est-il pas évident, d’autre part, si nous l’étudions soigneusement, qu’elle peut nous aider à mieux appréhender le sens et la valeur des œuvres de Goethe, et en particulier pour Werther ? (A ce sujet, voir la troisième partie de Qu’est-ce que le don artistique ? dans notre numéro 177).

Quant à l’action qu’ont exercé les œuvres de Goethe sur le public, Goethe lui-même n’a-t-il pas montré, dans Poésie et Vérité, et encore une fois en particulier pour Werther, tout ce qui provient du public lui-même ? N’a-t-il pas distingué nettement cette réaction du public d’une compréhension plus haute vers laquelle nous pouvons nous élever, quand nous réussissons, par l’expérience et l’étude, à repousser plus loin les limites relativement étroites, et peut-être toujours trop étroites, de nos esprits ?

Contrairement à ce qu’affirme Freud, une excellente biographie peut contribuer à élucider les questions de la réussite artistique. N’est-ce rien, par exemple, d’écrire, comme Baudelaire le fait à propos d’Edgar Poe : « Il avait certes un grand génie et plus d’inspiration que qui que ce soit, si par inspiration on entend l’énergie, l’enthousiasme spirituel et la faculté de tenir ses facultés en éveil. Mais il aimait aussi le travail plus qu’aucun autre ; il répétait volontiers, lui, un original achevé, que l’originalité est une chose d’apprentissage, ce qui ne veut pas dire une chose qui peut être transmise par l’enseignement. » ? (La Genèse d’un Poème). Baudelaire développe cette conception dans ses notices sur la vie et l’œuvre de son maître.

Freud semble n’accorder que très peu d’importance au travail, ainsi qu’au développement progressif des facultés, tout étant fourni d’emblée par un mystérieux « don artistique », qui lui-même devrait beaucoup à une « sublimation » non moins mystérieuse, et tout aussi hypothétique.

Il est également évident que les notices de Baudelaire sur Edgar Poe peuvent nous aider à mieux appréhender le sens et la valeur des œuvres de ce dernier.

(…)

(Pages 8-9)

 

(…)

Goethe a dit beaucoup de choses sur lui-même. Voyons ce que Freud en retient principalement.

« L’Eros, Goethe l’a toujours tenu en haute estime, il n’a jamais essayé d’en rapetisser la puissance, il n’a pas suivi ses manifestations primitives ou même capricieuses avec moins de considération que ses manifestations hautement sublimées, et il n’a pas, me semble-t-il, défendu l’unité de son essence, à travers toutes les formes dans lesquelles il apparaît, avec moins de détermination que jadis Platon. »

La quête d’Eros, pour Goethe, est loin d’être exempte d’épreuves et de conflits. Qu’on se remémore par exemple Les Souffrances du jeune Werther, le conte intitulé La Nouvelle Mélusine, publié dans Wilhelm Meister, ainsi que toutes les années écoulées, telles qu’elles sont décrites dans Poésie et Vérité, avant de parvenir au choix d’une épouse.

Freud semble ne pas tenir compte que Goethe fait écrire à Faust non pas : « Au commencement était l’amour », mais : « Au commencement était l’action. » Il ne cite pas non plus Pandore. Et il ne mentionne pas que Goethe a dit qu’à la félicité, il préférait l’action concrète, avec des difficultés et des obstacles à vaincre.

Ne semble-t-il pas que Freud projette sur Goethe son idéal d’un homme qui a toujours tenu Eros en haute estime, et qui ainsi a pu « s’épanouir librement », sans tenir aucun compte d’autres aspects importants de sa personnalité ? De même, s’il insiste à propos de Léonard sur « les facteurs qui ont empreint sa personne de la marque tragique de l’insuccès », n’est-ce pas parce qu’il en juge d’après son propre idéal érotique et amoureux, ainsi que d’après sa propre conception de l’artiste, plutôt que d’après la passion intellectuelle qui animait Léonard ?

 

Sans vouloir nier l’apport considérable de Freud dans le domaine de la pathographie, il faut reconnaître, je pense, que sa conception de la biographie est inadéquate. Comme nous l’avons vu, s’efforcer d’éclairer la question de ce que Freud appelle « le don artistique », et d’appréhender la valeur des œuvres et l’action qu’elles exercent, ne sont pas des tentatives vaines, vouées d’avance et a priori à l’échec. Certes, les biographes ne manifestent pas toujours une intelligence extraordinaire. Mais ils ne sont pas tous englués dans leurs sentiments naturels, au point que leur intelligence ne saurait aucunement s’en dégager. Sauf dans le cas de paresse et de conflits psychologiques trop importants, il n’y a pas de fatalité pour qui s’efforce de se cultiver et de développer son intelligence. (…)

(Pages 19-21)

 

FREUD ET LA CONQUÊTE DE LA BIOGRAPHIE. LE CAS DE LÉONARD

 

Freud, le désir de conquête, et la réalité de Léonard

 

Ce serait peut-être placer Freud trop haut que d’en faire un observateur, un homme de science ou un penseur rigoureux en toute circonstance. Le 1er février 1900, le fondateur de la psychanalyse écrit en effet à Wilhelm Fliess :

« Tu te fais de moi souvent une trop haute opinion. Cependant ce qui motive cette erreur fait taire tout reproche. Je ne suis ni un véritable homme de science, ni un observateur, ni un expérimentateur, ni un penseur. Par tempérament, je ne suis qu’un conquistador, un explorateur si tu préfères ce terme – avec toute la curiosité, l’audace et la ténacité qui caractérisent cette sorte d’homme. »

Freud serait-il resté, au moins dans une certaine mesure et dans certains domaines (comme celui de la création artistique ou de la biographie), un conquistador, davantage que toute autre chose ?

Dans sa préface à Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci, Pontalis note bien ce désir de conquête :

« En 1908 paraît Der Dichter und das Phantasieren : cette fois, ce sont essentiellement l’imagination, les voies qu’emprunte la création qui sont envisagées et, dans une lettre à Jung, Freud annonce qu’il n’a pas l’intention de s’en tenir là et, qu’à une prochaine occasion, il traitera directement des auteurs. » (8 décembre 1907). Dans cette lettre, Freud déclare d’ailleurs au sujet de sa conférence sur le poète et la rêverie : « C’était tout de même une incursion dans un domaine que nous avions jusqu’à présent à peine effleuré, sur lequel on pourrait s’établir commodément.»

Pontalis écrit ensuite, toujours à propos de Freud : « Dans une autre lettre, il affirme encore plus vigoureusement sa volonté d’annexion : « Je suis heureux que vous partagiez ma conviction que la mythologie devrait être entièrement conquise par nous […] Le domaine de la biographie doit également devenir nôtre. » (17 octobre 1909 ; les italiques sont de Pontalis).

Le même auteur note encore que, lors d’une discussion publiée dans les Minutes de la société psychanalytique de Vienne (11 décembre 1907, Les premiers psychanalystes, Gallimard), « Freud est on ne peut plus net : “La psychanalyse mérite d’être placée au-dessus de la pathographie car elle renseigne sur le processus de la création. (…)” (…) Il ne s’agira pas de découvrir le névrosé dans le créateur (la belle affaire…), mais de considérer le processus de la création sur le modèle de la constitution de la névrose. »

Deux pages plus loin, Pontalis conclut ainsi son développement :

« Sur le souvenir du roman de Merejkovski – souvenir resté d’autant plus vif que Freud pouvait trouver des correspondances entre Léonard et lui-même – est donc venu se greffer un projet « colonisateur » : marquer du sceau de la psychanalyse la psychobiographie. »

(…)

(Pages 22-23)

 

Freud et la prétendue transparence de Léonard

 

Examinons la conquête de la biographie telle que Freud la conçoit.

Il convient de citer en entier le passage mentionné par Pontalis de la lettre que Freud écrit à Jung le 17 octobre 1909 :

« Je suis heureux que vous partagiez ma conviction que la mythologie devrait être entièrement conquise par nous. Nous n’avons jusqu’à présent que les deux échappées : Abraham et Rank. Il nous faut des hommes, des travailleurs pour des campagnes plus vastes. Ils apparaissent si rarement. Le domaine de la biographie doit également devenir nôtre. Depuis mon retour j’ai eu une seule idée. L’énigme du caractère de Léonard de Vinci est tout à coup devenue transparente pour moi. Ce serait donc là un premier pas dans la biographie. Mais le matériel sur L[éonard] est si maigre que je désespère d’exposer de manière saisissable aux autres ce dont je suis à bon escient convaincu. J’attends à présent avec impatience un ouvrage italien sur sa jeunesse, que j’ai commandé. Entre-temps je puis vous révéler le secret. Vous rappelez-vous ma remarque dans Les Théories sexuelles infantiles (2e « recueil »), sur l’échec nécessaire de cette investigation primitive des enfants, et l’effet paralysant qui résulte de ce premier échec ? Relisez ces mots ; ils n’étaient alors pas compris aussi sérieusement que je les comprends maintenant. Or, le grand Léonard, qui était sexuellement inactif ou homosexuel, était également un tel homme, qui a tôt converti sa sexualité en pulsion de savoir, et qui est resté accroché à l’exemplarité [Vorbildlichkeit] de l’inachèvement. J’ai rencontré récemment son homologue (sans son génie) chez un névrosé. »

Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci serait un premier pas dans le domaine de la biographie ? Mais un premier pas est-il une conquête ?

Si le matériel relatif à Léonard est si maigre, comment Freud peut-il être convaincu à bon escient de ses constructions ? Et comment savoir si un matériel plus abondant n’apporterait pas d’autres éléments, qui montreraient des aspects insoupçonnés de la question, laquelle apparaîtrait alors beaucoup plus complexe ?

Le caractère de Léonard reposerait-il sur une seule énigme, qui, résolue, le rendrait entièrement transparent ? Une seule énigme pour un homme aussi complexe et aussi riche de virtualités que Léonard ? Le caractère de Léonard ne renfermerait-il pas, plutôt, une série d’énigmes, ou un nœud d’énigmes ? Selon Freud, la déclaration de Léonard sur l’amour et la connaissance contiendrait « sa profession de foi et la clef de son être ». L’être de Léonard serait-il aussi simple à comprendre qu’une serrure ? Malgré la transpa­rence vue ou imaginée par Freud, ne subsisterait-il pas une part importante d’obscurité ?

Freud aurait rencontré, en la personne d’un névrosé, l’homologue de Léonard, mais sans son génie ? Suffirait-il de rajouter le génie à tel ou tel névrosé pour obtenir un Léonard ? Ou, à l’inverse, d’enlever le génie à Léonard, pour découvrir en lui un pur névrosé ? Et qu’est-ce que ce génie, ce don artistique extraordinaire, qui serait complètement extérieur à la personnalité, sans genèse, et dont l’étude ne relèverait pas de la psychologie ?

Dans ces conditions, la transparence du caractère de Léonard, telle qu’elle apparaît à Freud, ne relèverait-elle pas, au moins partiellement, d’une illusion ?

 

*

 

Difficultés auxquelles se heurte la conquête de la biographie

 

(…)

 

L’essai de Freud sur Léonard :

pathographie ou biographie ?

(…)

 

Freud et le débordement des frontières

 

(…)

Il est vrai que Freud fait preuve aussi d’un certain réalisme :

« Mais quelle que puisse être la vérité sur la vie de Léonard, nous ne pouvons renoncer à notre tentative de la sonder psychanalytiquement, tant que nous ne nous sommes pas acquittés d’une autre tâche. Nous devons de façon très générale tracer les frontières qui délimitent la capacité de réalisation de la psychanalyse dans les études biographiques, afin que ne nous soit pas imputé à échec tout manque d’explication. »

Comment pourrions-nous nous plaindre d’un manque d’explications ? Freud donne beaucoup trop d’explications, au contraire ; mais, dans le cas de Léonard, la plupart de ces explications n’en sont pas, car elles se fondent beaucoup trop sur de pures hypothèses, et se soucient beaucoup trop peu de vérifications.

Il paraît certes tout à fait louable et judicieux de délimiter des frontières. Seulement, il semble que nous ayons affaire à un conquérant que rien n’arrête, qui ne connaît aucune frontière, et qui les déborde toujours.

Nous avons montré ailleurs que Freud ne tient aucun compte ni de l’esthétique, ni de la psychologie de la création littéraire et artistique (voir nos numéros 173 et 177).

Ici même, nous avons montré que Freud ne tient aucun compte des frontières de la biographie, et qu’Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci se trouve être, par bien des aspects, (outre une étude précise de certains phénomènes), un roman psychanalytique fondé sur un roman biographique. Comme nous l’avons vu plus haut, Freud, de son propre aveu, n’a pas même respecté les frontières de la « méthode psychanalytique ».

Décidément, il semble que dans Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci, Freud apparaisse davantage comme un conquistador, que comme un observateur, un homme de science ou un penseur.

Il reste à essayer de déterminer plus précisément les points sur lesquels la conquête voulue par Freud se heurte à des obstacles bien déterminés. Nous commencerons à le faire dans notre numéro suivant (185), Freud et Léonard. Inhibition, amour, science et peinture.

 

Extraits de

 

LA PETITE REVUE DE L’INDISCIPLINE

Numéro 181. Automne 2010.

Voir le sommaire et les informations pratiques dans l’ « A propos » (en haut à gauche sur ce blog).