09/08/2011
Freud, le créateur littéraire et la rêverie
QU’EST-CE QUE LE DON ARTISTIQUE ?
(critique des conceptions de Freud), II
Troisième partie
Freud, le Créateur littéraire et la Rêverie
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1 - Rêve diurne et création littéraire.
(…)
Mais l’évolution postérieure de l’écrivain ne se limite pas à progresser dans la maîtrise de la forme artistique, elle concerne aussi sa conception du monde : Goethe s’aperçoit que lui et ses camarades se perdaient trop volontiers dans leurs rêves. « Alors, écrit-il plus loin, nous reconnûmes une fois de plus qu’au lieu de s’abandonner à la mollesse et aux plaisirs de l’imagination, on aurait lieu, plutôt, de s’endurcir pour supporter les maux inévitables ou pour réagir contre eux. » (Poésie et Vérité, première partie, livre II).
Il semble que ces éléments nouveaux qui interviennent dans l’évolution de l’écrivain ne soient pas des éléments de rêve diurne.
(…)
(Page 4)
2 - Le cœur et l’imagination.
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3 - Analyse des émotions que provoquent
les œuvres littéraires
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4 - L’application à l’art de schémas
tirés de la psychanalyse
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5 - La jouissance propre de l’œuvre littéraire
relève de l’esthétique.
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6 - Psychologie de certains lecteurs
(…)
7 - L’œuvre d’art, ou l’enfance retrouvée ?
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8 - Développement de l’intelligence artistique et « épanouissement de l’être ».
« De l’obscure période de l’enfance, écrit Freud dans le dernier chapitre d’Un Souvenir d’Enfance de Léonard de Vinci, Léonard surgit devant nous artiste, peintre et sculpteur, en vertu d’un don spécifique, qui pourrait bien avoir été renforcé par l’éveil précoce, dans les premières années d’enfance, de la pulsion de regarder. », etc. Léonard aurait-il sublimé sa pulsion voyeuriste dans le dessin ? Mais que sublime le musicien, lorsqu’il s’intéresse au chant des oiseaux ?
Si Léonard paraît, à Freud, surgir devant lui, dès l’adolescence, artiste, peintre et sculpteur, n’est-ce pas le résultat de tout un développement intellectuel, auquel Freud n’a pas assisté ?
Freud semble ne pas tenir compte de ce développement intellectuel, lorsque, dans son dernier chapitre, il écrit à propos de Léonard :
« L’épanouissement de son être à la puberté, qui en fit un artiste (…) »
Les artistes naissent-ils comme les fleurs au printemps ? Et ne conviendrait-il pas de distinguer des réalisations artistiques déterminées, d’une part, et, d’autre part, un hypothétique « épanouissement de l’être » ? Les Poèmes saturniens, de Verlaine, renferment des réussites poétiques incontestables. Quant à l’épanouissement de l’être, c’est autre chose, et l’on pourrait se demander, au contraire, si l’être du jeune auteur ne manifeste pas des symptômes de ruine (voir en particulier Les Sages d’autrefois…, L’Angoisse, Grotesques, Jésuitisme, et le second Nevermore).
Sans doute, dans le cas de Verlaine, cette ruine de l’être joue-t-elle un rôle dans le développement des facultés poétiques, elle devient une source d’inspiration pour l’esprit. Mais faut-il confondre complètement le développement de l’intelligence artistique avec « l’épanouissement de l’être » ?
(Pages 19-20)
9 - Les facultés d’observation se réduisent-elles à la rêverie ?
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Quelle place Freud laisse-t-il aux facultés d’observation ? Il s’efforce de les réduire à la rêverie : « Le roman psychologique doit sans doute dans l’ensemble sa particularité à la tendance du créateur littéraire moderne à scinder son moi en moi partiels, par l’effet de l’observation de soi ; et par voie de conséquence, à personnifier les courants conflictuels de sa vie psychique en plusieurs héros. » Mais, dans la vie courante, le romancier n’a-t-il pas pu remarquer aussi, qu’il était entouré de personnes différentes, qui s’opposaient les unes aux autres de manière conflictuelle, et qui, à l’intérieur d’elles-mêmes, héber-geaient des conflits ? Et n’a-t-il pas cherché à dépeindre le monde, plutôt qu’à découper son Moi comme un gâteau, pour en présenter les diverses parties aux lecteurs ?
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(Page 22)
10 - « L’universellement humain » et l’esthétique. « Motions pulsionnelles » et sources d’inspiration.
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Il convient de remarquer, par exemple, que les passions que Shakespeare dépeint dans son œuvre sont des passions bien particulières : la jalousie folle d’Othello, la passion de l’autorité qui aveugle le Roi Lear, la fierté amoureuse de Posthumus, la misanthropie de Timon, etc. Ce qu’il y a d’universellement humain dans Shakespeare, serait-ce la passion elle-même ? Et, encore une fois, Margot aurait-elle raison d’égaler dans son cœur Roméo et Juliette et le plus mauvais mélodrame, parce que leur matière est l’amour ?
« Je suis homme, et je pense que rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » C’est-à-dire non pas que la passion de Werther doit être aussi la mienne, et que je dois me brûler la cervelle, mais que cette passion peut dire quelque chose à mon esprit, et que je peux essayer de la comprendre, même si, à moi personnellement, Werther me paraît tout de même un peu fou.
Shakespeare n’aurait-il pas, au contraire de ce que semblerait penser Freud, atteint l’universalité par le regard qu’il a porté sur la passion, par la représentation qu’il en a donnée, par l’esprit qui anime ses compositions ? Ce serait donc à cause de ses qualités littéraires, c’est-à-dire esthétiques, que, génération après génération, les vrais amateurs de littérature liraient et reliraient Shakespeare ?
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(Pages 26-27)
11 - Shakespeare, créateur par l’Imagination
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12 - Conclusion de la troisième partie
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Conclusions générales
1 - L’apport de la psychanalyse à l’étude de la création artistique. Dans quelle mesure les hypothèses de Freud conviennent-elles ?
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A la fin du chapitre IV de Sigmund Freud présenté par lui-même, le fondateur de la psychanalyse écrit :
« Si le rêve est bâti comme un symptôme, si son explication nécessite les mêmes hypothèses, à savoir le refoulement de motions pulsionnelles, les formations de substitutions et de compromis, et les différents systèmes psychiques qui abritent le conscient et l’inconscient, alors la psychanalyse n’est plus une science auxiliaire de la psychopathologie, alors elle est bien plutôt l’instauration d’une psychologie nouvelle et plus approfondie, qui devient également indispensable pour la compréhension du normal. On est autorisé à étendre ses présupposés et ses résultats à d’autres domaines de l’activité psychique et intellectuelle ; la route du lointain, de l’intérêt universel, lui est ouverte. »
Seulement, il nous est tout de même possible d’examiner (et nous avons commencé à le faire) si, dans le domaine de la création artistique, et sur certains points, les hypothèses de Freud, trop étroites, ne l’ont pas conduit dans des impasses.
(Pages 32-33)
2 - UnSouvenir d’Enfance de Léonard de Vinci : Freud partiellement contesté par certains psychanalystes.
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Michel VALTIN
Extraits de
LA PETITE REVUE DE L’INDISCIPLINE
Numéro 177. Novembre 2009.
Voir le sommaire et les informations pratiques dans l’ « A propos » (en haut à gauche sur ce blog).
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